C'est les vacances, et les Montpelliérains n'attendent qu'une chose, taper du piochon dans de beaux glaçons! C'est aux cinquièmes rassemblements de la première glace, organisés à la cascade artificielle d'Aiguilles-en-Queyras que l'expédition débute. Une fine équipe, composée d'une partie des plagistes du groupe espoir (Amandine, Léonard et Arnaud), accompagnés de leur fidèle acolyte Nils, de quelques membres du CAF de Montpellier et de Nîmes, ainsi que de David-cul-mouillé et son amie Minni. Les cordes sont en place, la glace est bien là, et c'est officiel, la saison glace est lancée. De coups de piolets plus ou moins subtils en placements de pieds plus ou moins scabreux, aucune des lignes de la cascade ne nous résiste. Pas même les deux voies de dry-tooling. Certains bourrins, n'en ayant visiblement pas eu assez, se mettent en tête de mener un combat épique dans une voie mixte (M7) traversant le toit surplombant les cascades, fraîchement équipée par Christophe Moulin. Ils en ressortent plus ou moins victorieux, avec une belle chute en tête pour Arnaud, et une voie enchaînée par Nils! Nous voilà fin prêt pour continuer l'aventure sur des cascades naturelles. Mais d'abord, la traditionnelle pause familiale de Noël s'impose. Les plagistes s'accorderont chacun 4 jours de d'excès dans leur coin de France respectif, de Montpellier à Lyon en passant par la Bretagne, de quoi remplir les stocks de graisse nécessaires aux aventures à venir!

Il est grand temps de digérer les repas de fêtes et de préparer le nouvel an! C'est dans le Vercors que les hostilités commencent, avec Amandine, Léonard, Arnaud et Louis à l'assaut de la traversée hivernale du Mont Gerbier. Pour Louis, ça sera une initiation bien complète aux courses d'alpinisme. Après 2h d'approche, les premières pentes du Mont Gerbier sont atteintes, et l'arrête tant désirée est enfin en vue. Pour y mettre les pieds, 80m de goulotte s'offrent à nous, peu raide certes, mais avec quelques passage mixtes intéressant en ces temps peu enneigés. La dextérité légendaire d'Amandine-doigts-de-beurre frappe encore, et un gant se prend pour un pilote de bobsleigh, dévale la pente, ne s'arrêtant qu'une centaines de mètres en contrebas. Après avoir récupéré le coupable, s'en suivra 1,5km d'une magnifique arrête effilée au dessus des nuages, soufflée d'un vent fort agréable aux alentours des 70km. Quelques heures plus tard, nous en sortirons intact, et ce malgré les envies de luge d'Amandine.

Léonard nous abandonne pour aller s'enterrer sous terre dans les Pyrénées, ainsi que Louis pour un objectif encore moins alléchant: le travail. Pendant ce temps, les survivants Amandine et Arnaud s'en vont rejoindre Yvan à Champcella, à deux pas de Fressinières et des principaux secteurs de cascade de glace des Ecrins et du Queyras, un emplacement idéal! Les cascades de Ceillac sont en condition, un plan sûr pour débuter le reste du séjour. Après avoir gravi l'Arlésienne (WI4), fine mais solide, nous irons nous promener dans Easy Rider (WI3) bien plus fournie et fréquentée.

Forts de cette première journée, et après des conseils généreusement partagés par un guide local, nous nous mettons en tête d'aller tenter notre chance à la fameuse Cascade du Grand Laus, au Pré de Madame Carle, au dessus d'Ailefroide. En été, l'accès se fait en voiture. En hiver, c'est une toute autre aventure: la route est fermée à Pelvoux. C'est donc à ski que nous entamons l'approche. Donnée en 2h30, il nous faudra finalement 4h pour atteindre le pied du colosse de glace. Une autre cordée de guide au dessus de nous, les conditions ne sont pas idéales, et il pleut des glaçons. Cela ne nous arrêtera pas, et Amandine se lance dans la première longueur, un bon WI3 en glace bien dure. Le relai sur broche en place, nous la rejoignons rapidement. La longueur suivante (WI4) se complique, et c'est Arnaud qui partira en tête. Le spindrift fait ses premières apparitions, compliquant d'autant plus la grimpe. Fort heureusement, dans cette longueur, les choix d'itinéraires sont multiples, et une traversée permet d'éviter le gros des chutes de glacées, et de faire un bon relais sur broches sur une vire protégée des éléments. Il est encore temps de continuer, et la longueur à venir semble intéressante. Il s'agit de la plus dure de la cascade, un bon WI4+. Je repart en tête, et la longueur tient ses promesses: de la bonne glace verticale, et une grimpe assez technique. Le début de la longueur est quelque peu protégé par un toit rocheux, faisant presque oublier le furieux spindrift quelques mètres à ma gauche. Malheureusement, à cet endroit, la cascade forme un goulot naturel, et il n'est plus possible de l'éviter. Je m'engage dedans, et c'est parti pour une douche gelée, sous les éclats de neige et gravillons. Je suis dans un véritable brouillard glacial, une cascade de glace qu'ils disaient. Peut-être n'est-ce pas une si mauvaise description, les chutes d'eau laissent placent aux chutes de glace. Impossible de regarder en haut, les coulées sont trop denses. Impossible de voir ses propres crampons, il fait tout blanc ici! Il faudra plusieurs tentatives avant de trouver le courage de progresser d'une dizaine de mètres à l'aveugle pour atteindre une bonne lunule de glace. Mes compagnons me rejoignent, les principales difficultés enfin franchies. Enfin? Oui, car il est bientôt 16h30, bien trop tard pour continuer. Le froid nous pousse à l'efficacité, et un rappel sur abalakov est vite mis en place, il est grand temps de descendre. Un grand rappel de 60m plein gaz au beau milieu des coulées de neige incessantes, et c'est un bon thé chaud qui nous attend au pied de la cascade. On troque les piolets pour des batons, les grosses pour des ski, et c'est parti pour les 10km de descente à ski, de nuit, jusqu'à Pelvoux. La route est gelée, la descente se fera sans encombre en moins de 45mn. Une grosse journée de 12h plus tard, nous voilà de retour au chaud! Le sommet du Grand Laus nous échappe pour cette fois, mais il en restera une belle aventure!